mercredi 20 juillet 2016

Déclassement d'AOC à Vouvray : Jacky Blot va-t-il trop loin ?

Ainsi donc, la Tribune en date du 13 juillet dernier a publié un article intitulé "Jacky Blot, privé d'AOC, ne se résigne pas...". Le papier revient, un peu plus d'un an après les faits, sur une affaire qui avait agité le petit monde viticole. Jacky Blot et François Chidaine, qui ont des parcelles à Vouvray, mais qui vinifient chez eux à Montlouis, ont perdu le droit de vendre leur vin en AOC Vouvray, et doivent donc le vendre sous le nom de vins de table.

A l'époque, je m'étais fait l'écho de cette polémique.

Quand j'ai lu la Tribune, la semaine dernière, je me suis dit qu'il valait mieux ne pas publier à chaud et demander une réaction au Syndicat des Vins de Vouvray. Il est vrai que Jacky Blot évoque des jalousies. Il dit aussi que ses avocats commencent à étudier le dossier.

Alors, qu'en est-il ?


Quand j'ai rencontré Jean-Michel Pieaux, en compagnie de son nouvel adjoint*, il m'a d'abord affirmé qu'il n'y avait "aucune raison" pour que se poursuive "la polémique". Les deux vignerons de Montlouis avaient été avertis et connaissaient le contenu du cahier des charges. "Tous les viticulteurs de l'AOC Vouvray subissent des contrôles, au moins une fois par an, explique M. Pieaux. Ces contrôles aléatoires peuvent porter aussi bien sur la mise en bouteilles que sur la vente en vrac". Sous-entendu : ils savaient très bien que cela allait arriver.

Accessoirement, il n'y a eu de plainte déposée à ce jour. Pas plus auprès du Syndicat des Vins de Vouvray qu'à l'INAO, qui est l'organisme qui fait respecter le cahier des charges.

Lors de la révision du cahier des charges, en 2008, Jacky Blot a bénéficié d'une nouvelle dérogation de 5 ans (il en avait déjà obtenu une dans le passé). A l'issue de cette période, il a simplement reçu un courrier du Syndicat des Vins de Vouvray l'informant de l'arrivée à échéance de la dérogation. Une lettre restée sans réponse.

En ce qui concerne François Chidaine, c'est différent. Il n'avait pas de dérogation et a choisi de faire vinifier son vin de Vouvray dans un nouveau chai à Montlouis. M. Pieaux continue d'ailleurs de croiser M. Chidaine dans le cadre de la FAV (Fédération des Associations Viticoles).

"Avec le recul, on a décidé de laisser courir", résume le Président du Syndicat des Vins de Vouvray. Il se dit quand même "agacé", d'autant que la presse (y compris spécialisée) n'a pas relayé ses arguments. "Ce sont deux très bons vignerons, reconnaît Jean-Michel Pieaux, en parlant de Jacky Blot et de François Chidaine. Mais, nous en avons aussi plusieurs à Vouvray", souligne-t-il.

Fondamentalement, le Syndicat des Vins de Vouvray n'est pas contre une révision du cahier des charges de l'AOC. Mais, il faudrait que ce soit à une échelle plus globale. "De l'autre côté de la Loire, c'est exactement pareil, lance Jean-Michel Pieaux. Si vous récoltez à Montlouis et que vous vinifiez à Vouvray, vous perdez le droit d'utiliser l'AOC".

Il existe quand même un point qui nécessite une explication : la dérogation qui a été accordée aux viticulteurs de Noizay, avant 1970, et qui leur permet de vinifier à Nazelles-Négron, qui est la commune voisine. "C'est une microzone, plaide M. Pieaux, et qui tient à une particularité géographique (la route qui surplombe les caves)". Elle se situe du même côté de la Loire et dans le prolongement direct de l'AOC de Vouvray.

Autrement dit, ce n'est pas un argument pour justifier le transfert de la vinification à Montlouis et donc une exonération par rapport au cahier des charges de l'AOC.


*Arnaud Tabary-Devismes, dont je ferai le portrait lors d'un prochain post.

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