mercredi 1 mars 2017

Une taxe de séjour qui passe mal dans le Vouvrillon

Hier, j'ai évoqué le report de 6 mois de la nouvelle structure qui pilotera à terme les deux offices de tourisme de Montlouis et Vouvray. Une information révélée à l'occasion de l'AG de l'office de notre bourg. Avant de venir au sujet qui fâche, c'est à dire l'application de la taxe de séjour communautaire, je voulais vous conter la façon dont Touraine-Est Vallées voit les échanges des deux côtés de la Loire, aussi bien pour le tourisme que sur d'autres sujets.

Ainsi, le Président de TEV, Pierre Dourthe, a tenu à préciser qu'il fallait "travailler ensemble", construire pas détruire". "Je comprends que ça ait pu choquer Pierre, Paul ou Jacques" (sympa pour l'ancien Président de l'office de Vouvray, qui s'appelle Michel). Il a été question ensuite des réunions auxquelles serait conviée l'association, avec un appel "à se rendre autour de la table".


Alexandre Monmousseau lui a alors répondu : "on a bien entendu le message, orienté vers le dialogue, on verra le contenu".

Gérard Serer n'a pas pu s'empêcher de faire appel aux textes. C'est ainsi que la terre entière a appris que le règlement 24 de TEV stipulait que les réunions de commission ne sont pas publiques, mais qu'il était possible de faire appel à des personnes extérieures qualifiées. Une dérogation qui signifie donc que l'association Au Pays du Vouvray pourra être invitée à des réunions concernant le tourisme sur notre territoire. Et ça tombe bien, une réunion est justement prévue le 7 mars prochain pour voir comment on informe les professionnels de l'entrée en vigueur de la taxe de séjour et quelle solution commune peut être adoptée auprès des deux offices de tourisme.

La remarque qui est venue ensuite a plombé l'ambiance pour de bon. Elle était pourtant légitime. Jean-Louis Chartier, qui est secrétaire de l'association, mais surtout hébergeur à Vernou, a fait part des difficultés qu'une telle mesure va entraîner. Il a rappelé que des réservations étaient prises depuis plusieurs mois.

Gérard Serer lui a répondu : "on est conscient des difficultés". Il a rappelé au passage le montant de la taxe (0,77 euro par jour et par personne), calé sur celui en vigueur à Montlouis, et qui rapporte 25 000 euros par an.

Autre hébergeur, Bertrand Chandouineau a exprimé une seule requête : que la taxe soit décalée au 1er janvier 2018. Il a expliqué avoir des réservations jusqu'à septembre, et qu'il ne pouvait pas changer ses tarifs par rapport aux engagements qu'il a avec le site Booking.com, très attaché au respect des conditions financières. Son intervention a été applaudie.

Réponse sèche de M. Serer : ce sera non. "On peut aussi contester les décisions du gouvernement, mais ça ne change rien", at-il commenté. L'argument est que la taxe rapporte de l'argent et que de toute façon les élus communautaires ont voté la mesure.

Nouvellement élue au conseil d'administration de l'office, Monique Marboeuf a interpellé MM. Serer et Dourthe, en déclarant que "ce n'était pas correct".

Alexandre Monmousseau a alors repris la parole pour livrer son sentiment, qui est que "le tourisme donne envie de taxer". "La méthode que vous employez est indélicate, a poursuivi le Vice-Président de l'office de tourisme : les hébergeurs font des actes de commerce, alors que vous êtes dans une logique administrative". Il a reproché à TEV "une indélicatesse et un mépris du client", même s'il n'a pas l'ombre d'un doute que le fruit de la taxe serait investi à 100 % dans le tourisme. "C'est une manière unilatérale de prendre la décision, avec une date qui n'était pas cohérente", a asséné le vigneron.

Pierre Dourthe a répondu que la communauté de communes voulait au début appliquer la taxe en avril. Il a aussi fait référence à Montlouis, en disant que son application avait provoqué le même tollé. "Certains nous avaient dit qu'il aurait fallu s'y prendre un an à l’avance", a-t-il lancé. "Et pourquoi pas ?", a repris quelqu'un dans l'assistance, suscitant des réactions positives.

Alors que le Président de TEV appelait au "respect de la décision prise", Alexandre Monmousseau l'a coupé net : "non, vous l'avez imposée, l’assemblée en est témoin". C'est alors que M. Dourthe a tenu des propos assez lourds de sens : "ça ne va pas dans le sens de ce qu’on peut négocier".

Didier Baudard de Fontaine a résumé la situation en ces termes : "on demandait une consultation, avant la prise de décision"

Pour sortir de cette polémique, Gérard Serer a de nouveau pris la parole pour faire un exposé très techno, en évoquant une autre évolution de la loi NOTRe, avec l'obligation pour les régions de produire un nouveau schéma de planification, dénommé SRADDET (ou schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires). Un rendez-vous fixé en 2019. Le Vice-Président de TEV a évoqué de nouvelles réunions, pour en discuter les orientations politiques. On va en parler le 9 mars à Touraine-Est Vallées, a-t-il poursuivi.

"Bravo pour l’écoute", a glissé sur un ton grinçant Bertrand Chandouineau.

Puis, M. Serer s'est livré à une espèce de confession : "rive droite, rive gauche, j'ai... euh, on a du mal à travailler ensemble, avec ces réunions mensuelles". "j’espère qu’on va améliorer la situation", a t-il conclu.

Le sentiment étrange est qu'on a d'un côté des élus qui s'arc-boutent sur des termes et textes incompréhensibles pour le commun des mortels, sans doute convaincus d'avoir raison, et de l'autre des professionnels du tourisme, indignés, et dont les protestations ne changeront rien.

Bref, c'était un remake à la sauce Vouvrillonne de "Je vous ai compris". Mais, qui imagine le général de Gaulle appliquer une taxe de séjour en juillet, au profit d'un EPIC qui ne sera créé finalement qu'en janvier de l'année prochaine ?

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