Alors que les EPCI comme Touraine-Est Vallées ont pris en début d'année la compétence GEMAPI, et que l'actualité a été dominée par des inondations, en janvier dernier, la Mission Val de Loire a eu l'idée d'organiser une conférence sur le thème "Vivre avec la Loire, entre risques et prévention". Elle a eu lieu à Tours jeudi dernier et évoquait à la fois les crues, les inondations et la culture du risque.
Il y avait même foule au CCCOD (Centre de Création Contemporaine Olivier Debré). Il faut dire que ce même soir, l'architecte Jean Nouvel donnait lui aussi une conférence, dans une autre salle. En tout cas, le public était au rendez-vous pour cet exposé de Mathilde Gralepois*,maître de conférences en aménagement et urbanisme à l'école Polytechnique de l'Université de Tours. Son propos était illustré par des photos d'étudiants.
Il ne s'agissait pas du tout d'une conférence historique. L'intervenante a plutôt rappelé que les villes s'intéressaient de nouveau aux fleuves et valorisaient les berges dans un but touristique. Une tendance visible un peu partout en France, comme en Europe. La concentration de zones de vie en zone inondable implique toutefois des risques. Il y a bien sûr les risques de crues et d'inondations (phénomènes appelés se répéter en raison du réchauffement climatique qui va provoquer plus de pluies), mais aussi ceux liés au ruissellement.
C'est la raison pour laquelle des plans de prévention des risques d'inondation (PPRI) ont été élaborés par les autorités publiques, afin de cartographier les zones pouvant subir des inondations et proposer des remèdes techniques, juridiques et humains pour y faire face.
Si les digues aménagées au XIXe siècle peuvent donner un sentiment de sécurité, elles ne sont pas fiables à 100 %. Il faut donc faire preuve de pédagogie et informer la population sur les risques liés au fleuve et à ses affluents. C'est le rôle du DICRIM**, un document que Mathilde Gralepois juge toutefois "trop techno" pour les habitants. Mme Gralepois a évoqué le caractère pédagogique des repères de crues historiques, en citant le cas notamment de Saint-Pierre-des-Corps (une ville inondable à 100 %), où ce type de repère figure à la fois dans la gare et dans le cimetière.
En cas d'alerte, l'information pourrait se faire aussi en utilisant les moyens modernes que sont les réseaux sociaux, mais aussi l'e-mail ou le SMS.
Pour anticiper sur les problèmes, la technologie peut s'avérer utile. Il a été question du Big Data qui permet d'utiliser des données pour modéliser le débit de la Loire et mieux prévoir les phénomènes naturels, en tenant compte du passé et des capteurs d'aujourd'hui. Un spectateur a entendu parler d'un projet pour utiliser des drones afin de surveiller le cours de la Loire.
La gestion du risque est partagée entre les services techniques de l'Etat et les collectivités locales, dont les communes. Mais elle devrait aussi davantage impliquer les habitants, chacun pouvant à son niveau faire un effort pour s'informer.
L'intervention de jeudi venait clore un cycle de conférences sur la Loire, qui a permis ces dernières semaines d'évoquer le changement climatique et la biodiversité.
*Mathilde Gralepois a fait des études de Science Politique à l’IEP de Bordeaux, avant de devenir maître de conférences en aménagement et urbanisme dans le Département Aménagement et Environnement, à l’École Polytechnique Universitaire de Tours. En recherche comme en enseignement, elle développe une approche de sociologie politique d’analyse des politiques publiques, spécialement sur l’environnement, les risques naturels et la gestion des situations de crises.
**Document d'information communal sur les risques majeurs
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