Grâce à lui, j'ai rencontré un de ses amis qui a été formé en même temps que lui dans le cadre des Compagnons du Tour de France des Devoirs Unis à Tours. La personne à droite sur la photo est Joël Chenet. René et lui ne s'étaient pas revus depuis... 1969.
C'est à cette date que ce cuisinier a quitté la France. Après un parcours assez riche à l'international*, il vit depuis plus d'une quinzaine d'années à Kodiak, en Alaska. C'est une petite île à 400 km des côtes (et à près de 8000 km de Tours) où le climat est moins rude et qu'il qualifie de petit paradis. On y pêche en compagnie des ours**. Notre chef expatrié tient un restaurant où il sert du poisson frais. C'est devenu un ambassadeur du patrimoine culinaire de l'Alaska.
René et Joël se sont retrouvés dans le cadre d'un dîner de compagnons à Tours. Malgré près d'un demi-siècle de coupure, ils n'ont eu aucun mal à se reconnaître. Et ils passent un peu de temps ensemble en ce moment. Que croyez-vous que font des cuisiniers quand ils se voient ? Ils font la cuisine, pardi !
J'ai eu le privilège de partager un déjeuner avec eux. Ce n'est pas tous les jours qu'on déguste un saumon sauvage (la variété a pour nom Sockeye), pêché par le chef lui-même.
Il nous l'a préparé à sa manière, avec de la courge en spaghetti, des épinards à la crème et avec de l'oseille sauvage (qui pousse là-bas sur la plage). C'était un grand moment, d'autant que le plat était accompagné d'un Vouvray de 1947. Les deux allaient plutôt bien ensemble.
M. Chenet est une célébrité sur l'île de Kodiak. J'ai pu lire des courriers envoyés par le gouverneur de l'Alaska, ainsi que par Guillaume Gomez, le patron des cuisines de l'Elysée, qui a fait un séjour sur place et qui était venu étudier la qualité des saumons locaux.
Voici son portrait dans France Amérique.
Notre chef de l'Alaska est en tout cas ravi de pouvoir goûter à nouveau les charmes de la Touraine. S'il connaissait déjà les rillons, il a découvert les pieds de porc farcis et a bien apprécié le Vouvray !
Et ce n'est pas tout. Joël Chenet participe aussi aux essais que nous menons avec René Bienvenu pour refaire du Quinquina Vouvray. Il a participé activement la préparation. Le plus beau, c'est que le père de Joël, qui est lui aussi compagnon et qui a tenu le Café Breton place des Halles à Tours, a connu M. Bourin (celui qui a inventé la recette de cet apéritif tourangeau) quand il était enfant. Il se souvient de la couleur et du goût de ce breuvage. Son aide va nous être très précieuse.
*Passé par l'Angleterre, la Suisse, l'Allemagne, l'Afrique du Sud etMadagascar, Joël Chenet est arrivé aux Etats-Unis en 1976. Il a notamment travaillé au Pierre, l'un des hôtels les plus prestigieux de New-York, où il a participé aux célébrations du bicentenaire des Etats-Unis à l'époque du Président Giscard d'Estaing. Il a aussi travaillé dans des établissements de prestige dans le Vermont, dans le Massachusetts et l'Etat de New-York.
**Kodiak veut dire ours en Alaska. Ce qui est dingue, c'est que le jour où on a fait les présentations, je rentrais de France Bleu Touraine, où je venais d'enregistrer une chronique sur le nouveau 4X4 de Skoda qui a pour le Kodiaq (et dont le nom s'inspire justement de cette île).
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