L'ouvrage est sorti il y a un an.
Ce patriarche, qui a exercé 7 mandats de maire de 1965 à 2008, et qui se trouve être le père de Benoît Delépine, l'une des célébrités du bourg (ancien auteur des Guignols de l'info et interprète du personnage Michael Kael dans Groland sur Canal +), y raconte sa vie d'élu.
L'idée était de faire comprendre le quotidien d'un maire et les nombreux problèmes qu'il a à régler (problèmes de voisinage, tracasseries administratives).
Jean Delépine revient néanmoins sur ses premiers pas dans la vie municipale. C'est ainsi qu'on apprend qu'il accepte de devenir le onzième nom sur la liste qui se présente en 1965, à la demande de son beau-père, et se retrouve maire malgré lui, élu à l'unanimité.
Il édicte alors un principe : pas de politique partisane**. "Je ne voulais pas que les tendances politiques ou convictions religieuses des uns ou des autres rejaillissent sur l'esprit d'équipe que nous devions développer au profit unique des intérêts de notre commune et de ses habitants", écrit-il.
Ce principe semble être encore en vigueur aujourd'hui, avec son successeur Jean-Marc Lemaire, si j'en juge par le compte-rendu fait par Le Courrier Picard pour le dernier scrutin de 2014.
Jean Delépine évoque ensuite ses premières décisions (suppression de la taxe sur les chiens, raccordement à l'eau courante, construction de logements à prix abordable pour que les habitants puissent devenir propriétaires, assainissement). Le découpage du récit se fait après par mandats.
Au fil des pages, l'ancien maire revient sur ce qu'il considère comme des avancées. Il y est question des associations, qui ont permis de canaliser les pulsions de la jeunesse, mais aussi de l'informatique que la commune a adoptée dès les années 80 et du traitement des déchets (qui étaient avant enterrés). Et puis, il y a eu la déprivatisation de la forêt et son placement sous régime protégé (c'est pour cela qu'un chêne figure sur le logo de la commune), le raccordement au réseau de gaz, la construction d'une salle polyvalente devenue depuis l'espace culturel Charles Poëtte***, celle d'une médiathèque et même d'un crématorium.
Holnon a aussi réussi à aménager un coeur de village. Elle est en avance sur ce point par rapport à Vouvray. Autre initiative : une salle avec du matériel informatique est aussi ouverte au public pour s'initier à Internet.
Un peu scout, écologiste avant l'heure (mais pas au sens politicien du terme), Jean Delépine semble quelqu'un d'humain et avisé. Il considère par exemple les employés municipaux comme ses collaborateurs, non comme des subalternes. Il leur accordera du reste le 13ème mois. Leurs noms sont par ailleurs cités dans le livre. Cet élu a eu aussi le souci de maîtriser les dépenses. Un maire doit être exigeant, selon lui. Il s'est montré aussi volontariste sur l'accueil des entreprises.
En guise de bilan, l'ex-maire fait remarquer qu'en 43 ans, la population a augmenté de 400 % et que les impôts communaux ont augmenté une seule fois, de 1 %.
Le dernier chapitre contient des réflexions plus personnelles. Les Verts en prennent pour leur grade, pour leur propension à parler, entraver les projets et ne pas agir quand ils sont élus. M. Delépine aligne en face des actions (tri sélectif depuis 25 ans, énergies renouvelables avec la filière bois). Il dénonce aussi le mille-feuille administratif, mais s'oppose en revanche à la suppression des communes, dont les conseillers sont des bénévoles. L'ancien élu évoque aussi la politisation des débats, l'échec de l'éducation depuis un demi-siècle et le manque de respect.
Un avis somme toute lucide de la part de quelqu'un qui s'est engagé pour l'intérêt général et qui écrit que les affaires courantes ramènent les pieds sur terre.
Après avoir lu le livre, on peut se rendre sur un site dédié et répondre à la question : les élus sont-ils tous pourris ? Il suffit de voter en ligne.
Voici la capture d'écran sur les résultats.
*Un hommage lui est rendu dans un passage du livre, puis à la fin de l'ouvrage où Jean Delépine évoque les liens d'amitié avec les maires successifs de Vouvray, de Gaston Huet à Brigitte Pineau. La mairie se trouve d'ailleurs place de Vouvray.
**La page Wikipedia sur Holnon nous apprend cependant qu'il était apparenté RPR-UMP. Et dans l'article que lui a consacré l'Aisne Nouvelle, il est indiqué qu'il est gaulliste.
***Ecrivain et journaliste, auteur d'une Histoire d'Holnon.
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