mercredi 28 février 2018

Gendarmerie : le débat se fait aussi par mails interposés

Il y a actuellement une enquête publique qui permet à tout citoyen de Vouvray de faire entendre son avis sur le projet de gendarmerie sur la parcelle dite des "Quarts de la Gaudrelle". Elle se poursuit d'ailleurs jusqu'au 16 mars. Mais, il y a aussi d'autres voies utilisées pour engager le débat. Vouvray Inside a pris connaissance d'un mail, qui a été largement partagé à Vouvray. Il exprime le "point de vue d’une femme de viticulteur, mère de 3 enfants".

J'en parle sur le blog, car il s'agit d'un appel destiné à être relayé et que cela ne relève donc pas de la correspondance privée.


Dans ce message, intitulé "gendarmerie à Vouvray oui, mais pas dans les vignes d'appellation contrôlée", l'auteure écrit que "nous sommes tous d’accord pour le maintien de la gendarmerie sur Vouvray, mais que "notre résistance, nous viticulteurs, n’est pas pour le maintien ou non de la gendarmerie, mais pour l’endroit où elle va se construire". Dans ce texte, que l'on pourrait qualifier à la fois de sincère et lucide (sur l'individualisme des viticulteurs), la personne évoque un problème de "cohabitation". Elle craint que le travail de la vigne, avec l'emploi de pesticides (pas cités nommément, mais on comprend tout de suite) ou d'autres substances (le fumier) et le bruit des tracteurs ne créent des problèmes par rapport aux familles qui vont habiter la future gendarmerie. "Nous ne sommes pas pour la guerre, juste pour le respect de chacun", lit-on dans ce texte.

On sent bien que l'inquiétude, plus profonde, concerne la protection de l'AOC. "Cette appellation nous devons la protéger, y faire attention"... "Protégeons ce que nos anciens nous ont transmis et, même si nous n’avons pas de succession, pensons à nos jeunes qui veulent tenter l’aventure", conclut ce mail.

Par le jeu des transferts, ce courrier électronique fait apparaître la liste des destinataires (l'erreur à ne surtout pas faire quand on veut rester discret, il vaut mieux mettre les destinataires en copie cachée) qui ont eu accès à ce texte. On y retrouve des viticulteurs, des membres de plusieurs associations et des conseillers municipaux. Madame le maire a aussi pris connaissance de ce texte.

Et du coup, ce message a fait réagir Gérard Serer, le premier adjoint. Dans la réponse "à tous" qui est faite, il rappelle que le dossier de déclaration de projet a 3 objectifs : "préserver les terres de l'urbanisation, préserver les potentialités viticoles et préserver la qualité paysagère de Vouvray". Il affirme par ailleurs être un "défenseur de notre appellation". Son commentaire est du genre "techno", avec des références à des pages du dossier, ainsi qu'a des concepts tel que la ZAP (Zone Agricole Protégée), pas forcément très connue de ce côté de la Loire. Le premier adjoint précise encore qu'il est favorable à ce que "la gendarmerie soit Vouvrillonne et non Montlouisienne".

Le conseiller de la majorité Pascal Baronne a fait une réponse plus "cash", que j'ai pu également lire. "Deux points de vue s'opposent selon lui : d’un côté le maintien d'une gendarmerie à Vouvray, qui nécessite de déclassifier une parcelle AOC, de l’autre le maintien d'une parcelle en AOC qui implique la perte définitive de la gendarmerie de Vouvray". Répondant directement à Mme Aubert, qui est donc désignée comme l'auteure, il s'interroge sur l'argumentaire des viticulteurs. Il se demande s'il n'y a pas "2 poids 2 mesures" et "une protection de la surface de l’AOC à géométrie variable selon les intérêts particuliers des uns et des autres". "Il est légitime de poser la question afin de s’assurer que l’opposition au projet de gendarmerie est bien menée dans un esprit sincère de défense de l’AOC et non entachée d’un esprit partisan, en opposition de principe à l’équipe municipale actuelle", avance le conseiller.

En conclusion, M. Barone écrit : "il convient d’écouter les arguments des uns et des autres avec cordialité et d’y répondre avec courtoisie, en restant poli vis-à-vis de Mr le commissaire enquêteur, désigné par le Préfet pour recevoir les doléances des administrés et non pour se faire insulter".

Ces échanges montrent en tout cas qu'il y a des inquiétudes. Est-ce que les documents contenus dans le dossier de l'enquête publique sont de nature à les dissiper ? C'est possible. Mais, on sent un agacement de la part des viticulteurs, qui sont "montrés du doigt" car opposés au projet, et pour qui "il reste encore des possibilités à étudier".

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