jeudi 21 décembre 2017

Poker menteur autour de l'office de tourisme de Vouvray

En me rendant au dernier conseil communautaire de Touraine-Est Vallées, je ne pensais pas assister à une représentation théâtrale. C'est pourtant ce qui s'est passé. Des faits concernant Vouvray et son office de tourisme ont été présentés d'une façon tronquée - chez Donald Trump, on appelle cela "des faits alternatifs" - mais de façon si convaincante que tout le monde n'y a vu que du feu. Et au cours de ce conseil totalement surréaliste, l'image de Vouvray n'en est pas sortie grandie.

Bon, j'explique. J'ai appris lundi qu'une délibération allait être ajoutée au conseil communautaire de ce mercredi 20 décembre. A l'issue de négociations très difficiles entre l'office de tourisme de Vouvray et Touraine-Est Vallées, en particulier avec Gérard Serer, qui gère le dossier, le principe du vote d'une subvention a été acté par le Président de l'EPCI, Pierre Dourthe, qui a rencontré le Président de l'office, Didier Baudard de Fontaine. Cette rencontre a eu lieu le 13 décembre, à 14 h.

Il faut savoir en effet que TEV n'avait versé qu'une partie de la subvention prévue pour l'office et qu'elle s'était engagée à verser le solde. Cet argent est nécessaire pour que l'office puisse payer les deux salariées et faire face aux charges. Au lieu des 33 000 € qui étaient en principe attendus pour boucler l'année, il a été demandé de verser 20 000 €. C'est d'ailleurs cette somme qui figurait dans la première des 4 délibérations concernant l'office.


Un exposé objectif des faits aurait pu être fait. Mais, ce n'est pas ce qui s'est passé. En introduisant la délibération, le premier adjoint de Vouvray Gérard Serer, qui est par ailleurs Vice-Président en charge du développement touristique, a accentué un point de détail. Il a annoncé avoir reçu l'après-midi même à 16 h les comptes, alors qu'"il les a demandés moult fois, depuis des mois". Et le Président Dourthe l'a appuyé, affirmant ne pas avoir "la totalité des comptes", et évoquant la "légèreté" de l'association, "qui prend la collectivité pour une banque".

Le procédé était habile. Une émotion palpable s'est alors emparée des conseillers communautaires, qui ont violemment critiqué l'association.

A partir de là, Gérard Serer avait un levier pour faire baisser le montant de la subvention. Il a donc suggéré de ramener ce montant à 10 000 euros, "par souci d'équité" puisque le compte affichait selon lui un déficit de 5431 euros. A ce moment-là, plusieurs conseillers ont déclaré qu'ils ne voteraient pas la subvention. Par souci d'équité peut-être, Gérard Serer a alors rappelé que la TEV devait verser une subvention pour le solde. Et c'est comme cela que l'on est arrivé à une subvention de 5500 euros, qui a été votée (sauf trois abstentions).

Que s'est-il vraiment passé ? Le Président de l'office de Vouvray a effectivement envoyé un mail à la TEV hier à 16 h, avec un fichier joint contenant les comptes prévisionnels jusqu'au fin de l'année et incluant les dépenses attendues sur janvier pour les charges sociales. Mais, Gérard Serer avait déjà en sa possession depuis le 2 octobre les comptes arrêtés au 31 août, conformément à la convention d'objectifs. Précisons aussi que le Président de TEV a déclaré à M. Baudard, lors de leur entretien du 13 décembre, que "ce n'était pas la peine d'envoyer les comptes d'ici le conseil communautaire". Il a dit qu'il "souhaitait juste une nouvelle demande de subvention à hauteur de 20 000 euros", ainsi que "le montant des dépenses provisoires effectuées en 2017", et que "cela servirait de justificatif" pour le trésorier-payeur "Aucune entreprise ne fait ses comptes au 31 décembre avant cette date, souligne Didier Baudard de Fontaine, qui est expert-comptable. Nous avons fait de notre mieux".

Ajoutons que le Président de l'office de tourisme de Vouvray se demande par quel calcul M. Serer arrive à un déficit de 5431 euros.

M. Baudard précise aussi que la demande de subvention, qui était prévue pour le 30 septembre (article 3 de la convention d'objectifs pour l'année 2017), avait été faite à plusieurs reprises. Des courriers envoyés le 29 septembre puis le 20 novembre sont restés sans réponse. TEV ne s'est manifesté le 6 décembre qu'après l'envoi d'un recommandé en date du 1er décembre, avec copie aux 10 maires de la communauté de communes et au préfet. Ce même courrier recommandé, dont la copie est disponible ici, demandait également avec insistance que les deux salariées de l'office soient reprises par TEV, ce qui n'était pas gagné au départ (cela n'a pas empêché M. Dourthe d'affirmer hier en conseil que la communauté de communes allait "naturellement les intégrer").

Revenons au conseil, car il y a eu un autre grand moment de la soirée : quand Gérard Serer a indiqué qu'il croyait savoir que l'association Au Pays du Vouvray avait tenu un conseil d'administration, "lundi je crois", mais "je n'y étais pas". Brigitte Pineau, elle, y a assisté. Je le sais, puisque j'y étais. Et sans trahir de grands secrets, la situation financière lui a été exposée à plusieurs reprises. Elle aurait pu confirmer lors du conseil de TEV qu'elle y avait assisté. Cela n'a pas été le cas. A la place, elle a demandé si les 5500 euros de subvention seraient suffisants pour régler les deux salariées. Ce à quoi Gérard Serer a répondu : "en principe oui, selon les comptes".

"La somme est insuffisante pour que l'association puisse faire face aux charges", lui répond Didier Baudard de Fontaine, puisque 65 900 euros ont été dépensés uniquement pour les frais de personnel, pour une subvention de 33 020 €".

Venons en au coup de grâce. Il a été dit aussi par M. Serer que l'association Au Pays du Vouvray "aurait pu faire acte de candidature au sein du nouvel EPIC", ce qui a été interprété par les élus présents autour de la table comme un signe de mauvaise volonté. Réponse de M. Baudard : "nous n'avons pas été sollicités au nom de l'association, je ne l'ai été qu'à titre d'hébergeur, à titre personnel. Je l'ai d'ailleurs fait remarquer à Pierre Dourthe, lors de notre réunion du 13 décembre".

J'en retiens que le Président de TEV et un de ses Vice-Présidents, par ailleurs premier adjoint à la mairie de Vouvray, parfaitement informés de la situation, ont choisi de faire passer les dirigeants de l'association Au Pays du Vouvray pour des gens pas sérieux. D'autre part, Brigitte Pineau a, semble-t-il, fait savoir, avant le conseil communautaire, qu'elle ne voterait pas la subvention. Cela a été rapporté par un élu de TEV.

Evidemment, de ce côté-ci de la Loire, les membres du conseil d'administration sont indignés. Et ils pensent que la population de Vouvray et de l'ex-CCV a le droit de savoir comment l'association a été traitée et comment le dossier de l'office a été géré.

2 commentaires:

  1. Décidément votre engagement est plus que partial
    Dommage

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  2. Je rétablis les faits. Je comprends que cela puisse gêner ceux qui les détournent pour servir leurs intérêts.

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