samedi 19 mai 2018

Gendarmerie : paroles de viticulteurs

Au lendemain de la réunion publique, le projet de nouvelle gendarmerie était évidemment un sujet de conversation en ce samedi, qui est le premier jour de la Foire aux Vins (Troglovinum) de la Pentecôte.

Vouvray Inside a rencontré plusieurs viticulteurs, sur place (dont certains qui avaient fait le déplacement à Val Es Fleurs, mais pas que) et en dehors. Le point commun est que tout le monde est pour le maintien d'une gendarmerie à Vouvray... mais pas sur un terrain de l'AOC.

On sent comme un agacement chez ces hommes et ces femmes, qui passent pour de "méchants opposants". L'un d'eux m'a confié être "désabusé" et en colère. Les viticulteurs veulent cependant rétablir certains points, qui n'ont pas forcément été pris en compte hier, et depuis le début d'ailleurs de la polémique.


D'abord, l'opposition au projet n'est pas le fait de seulement quelques-uns... Le conseil d'administration du syndicat des viticulteurs a voté contre à l'unanimité. Et les 150 vignerons de l'appellation sont derrière. Ces derniers ont d'ailleurs tous reçu un courrier de deux pages les informant de la réunion publique de vendredi. Mais, ils sont peu à avoir pu se rendre sur place, étant donné l'horaire.

On m'a dit à plusieurs reprises que, si la réunion d'hier était une démonstration de force, il y avait surtout vendredi soir des personnes âgées, qui sont plus sensibles au thème de la sécurité et plus sensibles aussi à la peur.

Les viticulteurs ont aussi commenté l'étrange article paru dans la NR cette semaine annonçant "un nouveau projet", alors qu'il n'y a rien de tel. D'aucuns y ont vu une manœuvre pour attirer plus de monde à la réunion.

Pour l'anecdote, et pour témoigner du climat délétère, la mairie n'a pas posé comme elle le fait d'habitude deux grands panneaux annonçant la Foire aux vins, à l'entrée du bourg. Ces panneaux sont généralement posés deux semaines avant la foire. Mais juste avant Troglovinum, le syndicat a reçu un mail l'informant que les services municipaux n'avaient pas eu le temps, et lui suggérait de le faire lui-même.

"C'est du niveau d'une cour d'école" m'a dit l'un de mes interlocuteurs. Un autre a estimé que les inimitiés qui existaient déjà entre Brigitte Pineau et certaines personnes n'ont fait que s'aggraver. Il a été dit aussi plusieurs fois que c'était une forme d'entêtement de la part de Madame le maire, qui considère que c'est "sa" gendarmerie.

Ce que Vouvray Inside a appris, c'est que la friche qui a été choisie pour le projet de gendarmerie posait déjà problème, il y a 35 ans ! A l'époque, la maison Hardouin voulait l'acheter pour s'agrandir, faute de quoi elle menaçait de partir. Et le syndicat des vins de l'AOC Vouvray s'y était opposé. Le maire de l'époque était Daniel Allias.

"Chacun est dans son rôle", lâche, philosophe, l'un des viticulteurs.

Sur le fond, il m'a été dit qu'une friche n'était pas irréversible, contrairement à des habitations qui seraient construites sur des terres viticoles. Et ce qui pose problème, c'est que si la gendarmerie se fait sur le terrain prévu, c'est Val Touraine Habitat qui sera propriétaire. Et cet organisme a pour vocation de construire des maisons, font valoir les viticulteurs. Le syndicat assure réfléchir sur le long terme et affirme avoir proposé un terrain plus loin, en dehors de l'aire d'AOC.

Sur un plan technique, plusieurs viticulteurs m'ont dit que les terres pouvant être redonnées en compensation seront difficilement exploitables, car elles seront situées entre des maisons. D'autre part, s'il faut aménager des haies bocagères, ce type de protection favorise le gel... qui est la hantise des viticulteurs.

Bref, on est loin de l'image d'une profession autiste. C'est parfois en grossissant le trait, et en omettant certains détails, qu'on arrive à décrédibiliser des hommes et des femmes qui pensent qu'ils ne méritent pas un tel rejet de la part des habitants de Vouvray.

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